lundi 3 septembre 2012

Nina Simone - Four Women

Oui, me voilà pris en flagrant délit de chronique non d'un album mais d'une collection. En effet, avec ce Four Women, ce n'est pas seulement un album de Nina Simone qu'on découvre, mais l'intégralité de ses enregistrements chez Philips. Soit l'équivalent de 7 albums ou 75 titres. Rien que ça. Et quand on a envie de découvrir cette immense artiste, 75 titres, c'est bien le minimum qu'il faut.

Critique de l'album

Nina Simone est associée de manière traditionnelle à la musique jazz, et est reconnue comme une des grandes voix de ce genre. C'est parfaitement vrai. Mais c'est réducteur. Car au cours de tous ces titres, on prend aussi la température d'une chanteuse dont le registre est beaucoup plus large, s'étendant sur le blues, le gospel, la pop, le folk ou le rythm'n'blues, voire des reprises de chansons françaises. Il semblerait que la voix et l'interprétation de miss Simone n'ait pas de limite, elle est à l'aise dans tous les styles.
Elle sait mettre le rythme là où il faut, ou au contraire briser une rythmique par ses silences. Cela semble d'une telle évidence chez cette grande dame qu'on ne peut que s'esbaudir. Mais sa science rythmique n'est qu'une partie de son talent qui passe aussi par une sensibilité à fleur de peau. Sur 3 minutes 30, avec sa reprise de Strange Fruit, Nina Simone met une conviction désarmante dans son interprétation et nous file des frissons de bout en bout. Cette fervente défenseure des droits civiques trouve dans cette chanson une forme d'apogée, les fruits étranges étant les noirs lynchés aux arbres dans le sud des Etats-Unis. On sort de ce titre déchiré.
Mais le titre qui le suit, Sinnerman, arrive à faire sortir de la torpeur pour entrer dans la transe, pendant 10 minutes, pas moins. C'est ça la force de ces 75 titres, c'est de passer d'une émotion à l'autre. Par ailleurs, les passionnés de musique s'amuseront à reconnaitre les multiples samples tirés de ces chansons (Sinnerman chez Abd Al malik) ou les reprises faites par d'autres artistes (See-Line Woman repris en Sealion chez Feist), mais aussi toutes les reprises faites par Nina Simone et qui trouvent souvent leur version la plus convaincante chez elle plutôt que chez d'autres interprètes (Feeling Good trouve ici sa version la plus incroyable, ce qui n'est pas peu dire), même si cela n'est pas toujours vrai (Ne me quitte pas ne sera jamais aussi belle que chantée par un Brel en sueur à l'Olympia).

Critique de l'album

Bref, ces enregistrements sont aussi bien à recommander pour les novices qui y trouveront de facto un best of de ces années Philips en même temps que l'intégralité des enregistrements, ce qu'apprécieront les aficionados. Il sera bien difficile de rester de marbre devant tant de talent.

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