dimanche 13 janvier 2013

Danger Mouse & Jemini - Ghetto Pop Life

Juillet 2003. A la recherche de nouveaux sons, me voilà parti à la FNAC Rouen, où les vendeurs disques sont tout simplement bons. Et du rayon jazz au rayon pop inde, on ne parle que d'un album... un album de rap. Alors en pleine découverte du hip-hop, je saute sur l'occasion, d'autant que le disque est édité par Lex Records, maison alors récemment découverte par le biais de Tes et Boom Bip. En me ruant sur ce disque rap, je ne savais pas que j'allais à la rencontre d'un des plus grands producteurs pop que je connaisse.

Critique de l'album


Pourtant, dès le début, Jemini le précise: "Introducing my main man, Danger Mouse, superproducer". Son hip-hop plutôt classique, avec des boucles instrumentales , une rythmique vraiment bien foutue, Born a MC constitue une introduction assez simple, mais portée par un flow impressionnant. C'est surtout Ghetto Pop Life qui lance l'album et fout la première claque: un choeur classique se transforme soudainement en musique de fond pour une pièce hip-hop aux rythmiques en folie. Un peu à la façon des Roots, le hip-hop auquel on a affaire est profondément organique, et se base sur des rythmiques imparables, qui servent la chanson comme il faut. Par la suite, l'album distillera des touches de funk, de rock ou de pop, le tout sous forme hip-hop dans un mélange que seuls les petits pères de Gorillaz sauront aussi bien arranger (tant mieux, Danger Mouse sera justement le producteur de Demon Days).
Chaque titre semble être un hit potentiel. Car sous couvert d'un certain underground (Lex Records ne se présente pas comme une usine de tubes radio), Danger Mouse et Jemini livre en fait un hip-hop ultra-populaire. Imaginez les Black Eyed Peas période Bridging the Gap/Elephunk, qui auraient décidé d'aller plus loin dans leur recherche musicale et seraient restés intègres au lieu de se vendre. Pas assez distribué pour être connu, l'album aurait pu cartonner avec des titres comme That Brooklyn Shit, Don't Do Drugs ou Bush Boys, singles potentiels, véritables descendants de De La Soul ou du Pharcyde (qui apparait d'ailleurs sur l'album). A tout moment, la patte du producteur vient faire la différence entre ce qui aurait pu être "simplement" un bon disque de rap et ce qui fait de l'album un indispensable, qu'il s'agisse de la rythmique toute en bombes à la fin de Bush Boys ou de la montée inéluctable de What U Sittin' On.
Les refrains restent en tête un bon bout de temps, les gimmicks de l'album deviennent des petits plaisirs qu'on attend à chaque nouvelle écoute, et pour tout amateur de pop, il y a là enfin une porte d'entrée (et pas des moindres) vers le hip-hop, une façon de s'initier en toute simplicité et avec un plaisir véritablement indéniable. Il se dégage de l'album une sensation de bien-être, de joie et de gros délire, un sentiment que tout ça n'est qu'un grand jeu (ça l'est très certainement d'ailleurs). Cela caractérisera par la suite une bonne partie de l’œuvre de Danger Mouse, qui instillera malgré tout une légère touche de mélancolie, que ce soit dans ses projets les plus personnels comme Rome, les Broken Bells et Gnarls Barkley ou dans ceux d'autres artistes comme Beck, Norah Jones ou Sparklehorse.

Critique de l'album

Bref, après 10 ans d'écoutes sans jamais se lasser, cet album s'est peu à peu imposé comme un incontournable, une petite pépite pop sous couvert de hip-hop. A mettre entre toutes les oreilles!