mardi 25 septembre 2012

Beth Gibbons & Rustin Man - Out Of Season

En 2002, quand débarque cet objet, ça fait 8 ans qu'on écoute Dummy en boucle et 4 ans qu'on attend une suite au Live de Roseland. Bref, Portishead a envahi nos oreilles et n'en sort plus, tant le groupe fascine, par son inventivité musicale, mais aussi et surtout par la grâce de la voix de la chanteuse Beth Gibbons. Et la voilà en échappée (presque) solo, dans un style pas vraiment trip-hop. Mais éloignée de Portishead? Peut-être pas.

Critique de l'album

Disons-le tout de suite, il n'y a pas dans cet album qu'elle sort en nom commun avec Rustin Man (en réalité, Paul Webb de Talk Talk) d'inventivité musicale du niveau de Portishead, et on est à 100 000 lieues de la new-wave des Talk Talk. Globalement, l'album est une sorte de folk délicieusement arrangée à renforts de cordes et de cuivres, avec une grâce absolument ahurissante, même après des années d'écoute. Mais si le style est différent, la façon de chanter reste la même
Beth Gibbons n'est pas objectivement une des plus belles voix de tous les temps, elle n'est pas une diva, elle n'a pas une technique incroyable, elle n'a pas la profondeur des chanteuses soul à la Aretha, mais subjectivement, j'ai très envie de dire qu'elle a la plus belle voix de tous les temps. Un peu comme Brel dans un registre différent, elle a telle conviction, une telle honnêteté dans sa façon de chanter qu'on a envie d'y croire et qu'on se laisse porter. La voix se fait tour à tour frêle, dominatrice, nasillarde, soul, pop ou folk, mais quelque soit le choix, elle est juste. Elle colle à chaque fois à merveille aux titres. qu'il s'agisse de Mysteries et sa superbe déclaration d'amour à la vie (est-ce qu'une chanson a déjà plus évoqué un lever de soleil?) ou de Resolve et sa mélancolie, la voix de Beth Gibbons s'adapte à merveille.
Ajoutons à cela des mélodies impeccables et vous avez un mélange de chansons qui vient se graver ad vitam aeternam dans votre tête. Mysteries est d'un optimisme rarement entendu, Tom the Model vient apporter des montées sublimes, Show incroyablement envoutante, Romance s'ouvre comme s'ouvrirait du Nina Simone (à laquelle on pense pas mal dans la façon de chanter), Sand River toute en légèreté, Spider Monkey étourdit, Resolve sonne comme du Nick Drake au féminin (Nick Drake, influence indéniable de l'album), Drake nous plonge dans un cabaret jazz, Funny Time Of Year est une des plus belles chansons jamais interprétées, Rustin Man vient simplement fermer l'album. Le côté chanteuse de jazz qu'on pressentait sur les albums de Portishead ressort ici à merveille. Et certains arrangements ne sont pas sans évoquer le live à Roseland (où Portishead était accompagné d'un orchestre philharmonique). Notamment sur Funny Time Of Year, il y a, dans la construction du morceau et dans le paroxysme qu'il atteint, un petit quelque chose qui n'est pas sans évoquer Glory Box. Dans les morceaux les plus mélancoliques, il y a quelque chose de Only You ou de Roads. La présence d'Adrian Utley (un des trois membres du groupe) sur une bonne partie des morceaux n'y est peut-être pas pour rien. Finalement, Beth Gibbons a fait du Portishead acoustique et finit l'album loin du folk qui a dirigé tout l'album avec une plage ambiante, preuve que l'expérimental, elle l'a dans la peau.

Critique de l'album

Un bien bel album en somme qu'on réécoutera volontiers à l'arrivée de l'automne, tant il cadre avec cette saison, belle mais avec ses intempéries, tout en douceur apparente, mais avec des touches de violence par instants. 10 ans après, cet album procure toujours le même plaisir renouvelé.

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