vendredi 21 septembre 2012

Herbie Hancock - Fat Albert Rotunda

Herbie Hancock est un grand claviériste jazz. Je n'utilise volontairement pas le mot de pianiste, car il est surtout connu pour son utilisation très réussie et très novatrice des synthétiseurs, il n'est pas Bill Evans, quoi. Jazzman d'origine, il doit sans doute à Miles Davis, avec lequel il a beaucoup travaillé, de s'ouvrir sur d'autres formes musicales (plus tard, il nommera un de ces morceaux Sly, en hommage à mister Stone). Et quand on le retrouve sur ce Fat Albert Rotunda, en 1969, force est de reconnaitre que le jazz n'est pas vraiment le style musical qui transparait le plus.

Critique de l'album

En effet, dès les premières notes, dès le premier riff de guitare, et par le biais de la section rythmique, la musique de Fat Albert fait plus penser à une sorte de soul groovy ou de R&B funky qu'à du jazz. Visiblement inspiré par James Brown et consorts, Hancock livre ici un album qui n'aurait pas dépareillé en fond sonore d'un flim de Blaxpoitation. Quelques mois après cet album, Curtis Mayfield sortira son premier album solo (le très beau et simplement nommé Curtis), qui a une ambiance relativement comparable. Comme si ces albums étaient les captures d'une certaine forme de musique à un moment donné. Toute personne un tant soit peu intéressée par le funk et la soul devrait écouter (et posséder Fat Albert Rotunda), fut-elle ou non connaisseur de jazz. Les rythmes sont enlevés, les mélodies aisément reconnaissables et le tout se grave durablement dans la mémoire de l'auditeur qui quitte l'album avec des airs plein la tête.
Wiggle-Waggle ouvre l'album avec une trompette jazz, écoutez bien, ce sont pour ainsi dire les seules 5 secondes de jazz de l'album. Dès que la guitare entame son riff bouclé, la musique part dans le funk, soutenu par une section cuivre impeccable et une rythmique très dansante. Pendant ce temps, Hancock propose de faire une démonstration de son délicieux toucher de synthé, léger, rythmé, avec un son qui est la touche soul du titre. Le solo eut-il été joué sur une guitare électrique qu'il aurait passé pour du pur rock. Et ce titre est représentatif de ce qui suit, avec Fat Mama, construit sur le même schéma, qui trotte dans la mémoire auditive plus longtemps qu'on ne l'imagine, le titre est parfait. Par la suite, l'album livrera dans ce genre les titres Oh!Oh! Here He Comes et le morceau-titre (et un des piliers de l'abum) Fat Albert Rotunda. Le morceau de clôture Lil' Brother montre une ouverture d'esprit importante, avec la guitare syncopée, les cuivres plus jazzy-funk, le tout couvert de guitares wah-wah, et toujours le même piano joliment rythmé.
L'album est entrecoupé par deux ballades. Jessica, pas spécialement le meilleur moment, même si le morceau n'est pas désagréable et permet à l'auditeur de reprendre son souffle entre deux morceaux plus rythmés. Mais le meilleur moment reste Tell Me A Bedtime Story, titre d'une évidence rare, langoureux, superbe et qu'on pourrait écouter en boucle. Ce que fit sans doute d'ailleurs Quincy Jones, qui repris le morceau quelques années plus tard dans une version un peu plus groovy qui sied assez bien au morceau. Ce titre est un vrai moment de fraicheur au milieu de morceaux plus enflammés.

Critique de l'album

Fat Albert Rotunda est un très bon album, un peu daté, mais c'est justement ce cachet qui fait son intérêt, sans doute pas le plus recherché de Herbie (HeadHunters et Thrust ne sont pas encore sortis). Il fait partie de ces albums qu'on oublie de temps en temps, et qu'on retrouve avec un plaisir toujours renouvelé.

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