mercredi 5 septembre 2012

Blur - Think Tank

Nous sommes en 2003, la vague Britpop est passée depuis un petit bout de temps, et si Oasis ne l'a pas compris, Blur s'est attelé à prendre un virage musical depuis quelques années, jusqu'à ce Think Tank qui a autant à voir avec la Britpop qu'un végétarien a à voir avec une côte de bœuf. Pour quel courant alors? Difficile à dire.

Critique de l'album

Car il y a dans cet album et ces 14 titres (en comptant le caché Me, White Noise) une multitude de genres. Graham Coxon, principal guitariste du groupe, ne participant pas au projet, le groupe se trouva alors principalement investi par un Damon Albarn splendidement inspiré. Nouveau projet solo du bonhomme? Pas tout à fait, car la section rythmique (Alex James et Dave Rowntree) s'investit alors plus que jamais. Mais force est de reconnaitre qu'on retrouve dans Think Tank une bonne partie de ce qui fait l'essence de Gorillaz (le hip-hop mis à part, quoique le phrasé du génial Brothers and Sisters...). Il est ici question de mélanger la pop, le rock, l'électro, la world music, le dub ou encore le jazz et de passer le tout au shaker pour obtenir un mélange détonnant. Oui, c'est bien le même genre de cocktail que Albarn nous a servi deux ans avant avec Gorillaz (l'album).
Albarn dévoile chez Blur ce qu'il n'avait pas trop fait jusqu'ici dans le cadre du groupe: sa culture musicale dont l'étendue est impressionnante. Elle lui permet tous les mélanges et toutes les folies, alliant au sein de l'album tendresse et explosion. 13, le précédent album du groupe, avait déjà fait ce mélange, mais avec des passages de l'un à l'autre parfois un peu difficiles, l'album était plus âpre. Dans Think Tank, il y a, malgré le mélange des genres, un son d'album, une véritable unité, pas liée aux genres, pas liée au chant (très changeant et à l'aise dans tous les styles), mais simplement parce que l'album se tient vraiment de bout en bout et tout s'enchaine parfaitement.
Loin du format couplet-refrain-couplet-refrain développé par Blur au début de sa discographie, le groupe explose les formats, privilégiant les ambiances et les boucles musicales, tout en conservant des lignes mélodiques superbes. Dès l'ambiante Ambulance, on se laisse aller, avant d'être porté par les instrumentations orientales de Out of Time (une chanson sublimée par le chant tout en grâce de Damon Albarn) et l'album annonce une ambiance lente que vient rompre Crazy Beat. A partir de là, tout va s’accélérer, et on perd (avec bonheur) tous nos repères. Good Song et Battery In Your Leg reprennent les choses là où Robert Smith les a laissé 3 ans plus tôt avec Bloodflowers. Jets se lance dans le free jazz. Entre temps Moroccan Peoples Revolutionary Bowls Club ravive la mémoire des Clash. Le morceau caché Me, White Noise est un pur délire électro-bruitiste, absolument jouissif, qui donne envie de se jeter sur un dancefloor en hurlant. Mais ne pas citer les autres morceaux serait criminel, car chacun est un petit bonheur, l'ensemble annonçant le chef d’œuvre Demon Days, où Albarn secondé par le génialissime Danger Mouse brillera de mille feux.

Critique de l'album

Tous ceux qui avaient enfermé Blur dans le carcan britpop et se contentaient de leur (très bon) best of auront l'occasion de réviser leur jugement au détour de chaque chanson qui compose ce Think Tank. Pour preuve de l'évolution du groupe, alors qu'il était un des plus médiatiques du moment, et un des plus commerciaux, la pochette (superbe) est signée Banksy, le graffeur underground anti-système au possible. Comme quoi, on peut allier exigence artistique et popularité.

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