mercredi 21 novembre 2012

The Smiths - The Queen Is Dead

The Queen Is Dead fait partie de ses albums qui ressortent dans tous les top 50 des meilleurs albums de tous les temps (ou au moins de ces 30 dernières années), et qu'on écoute la première fois avec une oreille polie, mais soyons honnêtes, un peu désintéressée. Quelque chose à la première écoute fixe l'album dans les années 80 de manière incompressible. Pourtant des années après avoir découvert l'album, il ne quitte pas les oreilles.

Critique de l'album

Car oui, les batteries reverb à ne plus en pouvoir sont sans doute un peu too much, mais le sens de la mélodie développé par Morrissey et Johnny Marr est tout bonnement imparable. Bien sûr très rapidement, ce sont Bigmouths strike again et There is a light that never goes out qui donnent une folle envie de réécouter l'album en boucle. Et puis passé le premier effet "rythmique des années 80", on s'attache folllement à cet album.
D'abord il y a le jeu de guitare de Marr. Un jeu inimitable mais amplement pillé par les groupes des années 2000, dont notamment un certain Radiohead qui s'en inspirera pour l'incroyablement mélodique In Rainbows. Il suffit de réécouter Vicar in a tutu ou Cemetary gates pour s'en convaincre. Sur des rythmiques assez improbables (Vicar in a tutu sonne presque country), Johnny Marr semble en état de grâce, dans un instantané de pure pop.
Et puis, surtout il y a l'interprétation de Morrissey, cette espèce de voix de crooner complètement à l'aise dans la pop. Cette élégance naturelle frappante doublée d'une nonchalance percutante, et cette sincérité complètement désarmante, ces éléments poussent à être touchés par les chansons, jusqu'à ce qu'on ne puisse se défaire de I know it´s over, sans doute une des meilleures chansons jamais écrites. Rarement on a entendu une telle maturité dans une voix aussi jeune, et rarement autant de jeunesse a été apportée dans la sagesse. Au final, ce ne sont pas que un ou deux titres qu'on a envie de réécouter, mais bien l'intégralité de l'album qu'on se passe en boucle, de la reprise de chanson folklorique du début au mantra Some girls de la fin.

Critique de l'album

On finit même par complètement apprécier les batteries, qui étaient sans doute le plus gros point faible pour mes oreilles d'ado des années 90. Bref, un album qui vaut le coup qu'on s'y attache (comme le reste de la discographie du groupe d'ailleurs) et qu'on y porte une attention plus grande que le simple plaisir pop qu'il peut procurer à la première écoute, car il y a tellement de sincérité et de vérité à chaque chanson qu'on ne peut que finir, comme beaucoup, par admettre qu'il s'agit d'une des plus belles choses produites ces 30 dernières années. I can feel the soil falling over my head

lundi 12 novembre 2012

Franz Ferdinand - Franz Ferdinand


Véritable phénomène lors de sa sortie en 2004, raflant tous les prix outre-Manche, s'attirant les louanges des critiques, diffusé sur toutes les radios (sur un spectre allant de Couleur 3 à Fun Radio), l'album Franz Ferdinand était sur toutes les langues, et surtout dans toutes les jambes. Une réussite qui aurait pu être énervante, mais comme il est impossible de bouder son plaisir, je me suis moi aussi laissé aller à adorer le groupe. Qu'en reste-t-il 8 ans plus tard?

Critique de l'album

Ce qui est frappant à l'écoute de ce premier album, c'est l'immédiateté des chansons. Il ne faut pas plus d'une ou deux écoutes pour que tous les refrains de l'album rentrent dans la tête de l'auditeur. Et je dis bien TOUS les refrains. Chaque chanson est un hit potentiel, une machine à plaisir et à faire danser en puissance. En écoutant l'album, on se rend compte que le groupe écossais a su tirer partie de tout ce que le pop-rock anglais a su faire d'énergique (the Kinks, the Who, the Clash...), y a ajouté une énorme influence Talking Heads (en moins sec, la touche anglaise aidant), et en a tiré un son propre à lui.
Car si les refrains sont immédiats, c'est aussi la construction des morceaux et la rythmique associée qui frappe l'auditeur autant à la tête qu'aux jambes. Il suffit d'avoir écouté une fois Take Me Out pour se rendre compte que cette chanson peut rendre dingue. Après une introduction sur un rythme incisif, la chanson est comme interrompue par une cession rythmique en complète césure. Mais c'est avec cette césure et le riff qui suit que se lance véritablement la chanson. Il suffit que la guitare débute pour avoir envie de se lever et de danser. Bien sûr en 2004, on a énormément dansé sur Franz Ferdinand, et en 2012, on a tendance à moins écouter l'album. Mais il suffit de relancer n'importe quel morceau de l'album pour qu'au bout de 30 secondes on souhaite se lever et se remettre à danser en hurlant les refrains (faites attention, vous avez vieilli, votre corps vous le rappellera).
Car même si en une petite décennie la face du rock dansant a été entièrement redéfinie (via de nombreux groupes talentueux de rock-électro comme !!!, LCD Soundsystem ou les Hot Chips), le rock de Franz Ferdinand reste encore bougrement d'actualité, il vieillit étrangement peu, peut-être parce que la production a su ne pas s'appuyer sur des effets de style qui finissent par dater les choses, peut-être parce que tout semble avoir été composé avec une urgence qui se transmet de génération en génération, avec une sincérité que n'a pas altérée la célébrité, et sûrement parce que les chansons sont tout simplement bonnes.

Critique de l'album

Alors non, ce n'est sûrement pas l'album que vous écoutez aujourd'hui tous les jours, mais oui, il y a fort à parier que, si vous remettez le disque sur la platine, vous serez repris dans le rythme, et qu'abandonnant toute résistance vous vous retrouverez bientôt à danser sur Dark of the Matinée et autres This Fire.