lundi 10 septembre 2012

The Beatles - Rubber Soul

Il fallait que ça arrive. Il fallait bien que le hasard me pousse un jour à chroniquer un album des Beatles. Exercice difficile, car parler des Beatles, c'est parler d'un groupe qui historiquement a eu une important quasi-inégalable, et qui a le mérite d'être toujours aussi bon à écouter aujourd'hui. Rien que ça. Alors voilà, on est en 1965, les Beatles ont sorti Help! un peu plus tôt dans l'année, et ils enchainent avec Rubber Soul.

Critique de l'album

Rubber Soul est un album historique. D'abord parce qu'aucune chanson n'est une reprise, tout est de l'original, et pas de l'original yéyé pop à la She Loves You (pas désagréable, mais soyons honnêtes, ce n'est pas ce qui nous intéresse le plus chez les Fab Four), non, ça y est, les Beatles ont commencé à faire des chansons déconstruites et complexes. Par ailleurs, outre les titres signés Lennon/McCartney, as usual, deux titres sont de George Harrison, et (grande nouveauté) Ringo Starr participe à l'écriture d'un titre (bon, pas le meilleur, c'est vrai, mais c'est signe que le groupe a pris une sacrée confiance en lui). Et voici les Beatles dans un album de transition, entre les idées pop de leur commencement et les chansons plus expérimentales de Revolver. Sauf que là où de nombreux albums de transition sont bancales, ne trouvant pas l'équilibre entre une phase et une autre, les Beatles signent un album de haut niveau et de très belle facture.
A la tête de 14 titres impeccables de bout en bout, les quatre garçons dans le vent démontrent qu'ils en ont dans le ventre et qu'ils ne sont plus là pour être un boys band, ils sont LE groupe, celui qui allie plaisir grand public et exigence musicale. Dès Drive My Car, on entend un son plus rock que pop, les voix sont moins claires (peut-être un peu usées par le rythme de fou du groupe, auquel s'ajoute les abus de substances licites ou pas), bref le ton est donné, avec une boucle de basse superbe et malgré des "pip pip... pip pip yeah!" très yéyé. Sur Norwegian Wood, on entend pour la première fois une sitar, instrument apporté par Harrison en pleine naissance du psychédélisme. Si la chanson est une ballade plutôt classique (et très belle), elle trouve sa pleinitude grâce à l'emploi de cet instrument.Et chaque chanson pourrait être analysée de la même façon, The Word et sa rythmique déglingo, What Goes On tout plein de country, I'm Looking Through You avec son influence Dylan ou Run For Your Life plein de tambourins. Et puis, bien sûr, il y a Michelle et ses paroles en français, son intro en descente et ses chœurs si typiques, façon bal des sirènes dans Retour vers le futur, toute pleine de nonchalance, avec une légère influence soul. Ou encore In My Life, l'archétype de la chanson calme comme les Beatles les faisaient à leur début, mais avec une touche émotionnelle plus forte que jamais, peut-être dans la voix de John, son riff simple de guitare et le pont au clavecin. Et surtout Girl, l'un des plus beaux moments des Beatles, où ce qui aurait pu n'être qu'une très belle ballade prend une toute autre ampleur avec des soupirs d'une sensualité ahurissante qui viennent rythmer la chanson, suivant des Oooh girl! tout joliment susurrés, inspirant, à n'en pas douter, le Je t'aime moi non plus gainsbourien.
Les Beatles s'en sont donnés à chœur joie pour livrer chacune des chansons qui composent ce Rubber Soul et George Martin contribua à donner un son d'ensemble qui fait que cet album est immédiatement reconnaissable et bien différent de tous les autres. Tout en gardant un format propre à celui des premiers albums (une seule chanson dépasse les 3 minutes), les Beatles commencent à inclure les éléments qui les rendront si passionnants par la suite, et la qualité des chansons, des mélodies et de l'écriture contribue à ce que l'album reste toujours aussi plaisant à écouter.

Critique de l'album

Hier, aujourd'hui et même demain, on n'a pas fini d'écouter cet album (dans sa version anglaise bien sûr, pas la version américaine avec son horrible pochette) car il est, dans sa simplicité et son tout début de recherche, un classique instantané, où chaque chanson fait mouche et vient prouver la supériorité inégalée de ce groupe, qui trouvera son apogée dans les 3 années qui suivirent.

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