lundi 30 juillet 2012

Stevie Wonder - Songs In The Key Of Life

Je n'ai jamais été un grand fan des best of et des compilations, j'ai toujours un attachement très particulier au concept d'album (ce qui ne veut pas dire que je n'ai aucun best of sur mon iTunes). Pour autant, je peux comprendre que pour découvrir un artiste, un best of peut être une bonne opportunité. Mais le mieux n'est-il pas de faire comme Stevie Wonder sur ce Songs In The Key Of Life? C'est-à-dire un album (double) tellement blindé de singles connus qu'il pourrait faire office de best of, tellement impeccable à chaque seconde qu'il n'y a rien à jeter, et pourtant un album, avec une cohérence sonore et qu'on a envie d'écouter dans son intégralité, pas seulement une succession de chansons.

Critique de l'album

L'album varie au fil des chansons, qu'il s'enrobe de guitares électriques, ou verse dans le gospel, que les rythmiques soient rapides ou lentes, il n'y a pas deux chansons identiques. Pour autant, à l'écoute de ces titres, il y a une cohérence globale, une sensation de plénitude rarement atteinte par n'importe quel artiste. On a l'impression que Stevie Wonder était dans un autre monde quand il a écrit ces chansons. Qu'il parle du ghetto, de l'amour, du racisme, de Dieu... bref, quelque soit le sujet, il semble avoir été inspiré par une grâce venue d'ailleurs, traitant ces thèmes avec un talent inégalable. Difficile de décrire ce que l'on ressent à l'écoute de cet album. Il en ressort une sensation de bien-être, de luminescence chaude.
Dans le livret de l'album, très complet, on retrouve toute l'équipe qui a travaillé sur l'album ainsi que ceux qui ont inspiré Stevie Wonder, et ça donne le vertige. A une époque où musiques blanches et musiques noires étaient antagonistes, voir un artiste s'inspirer du rock autant que de la soul, chercher des artistes jazz pour collaborer avec des faiseurs de pop, y instiller du gospel, tout cela était révolutionnaire pour l'époque. Ce qui est incroyable, c'est que cela reste toujours aussi révolutionnaire aujourd'hui. Qu'il fasse une chanson basée sur un solo de guitare (Contusion) ou résume la carrière de Michael Jackson en une chanson (I Wish, et pas la peine de me dire que je suis excessif, je le sais déjà), qu'il donne dans l'exotisme (Ngiculela - Es Una Historia - I Am Singing) ou qu'il fasse une ballade à faire pâlir d'envie McCartney (If It's Magic), rien ne semble pouvoir échapper au génie du Maître.
Et puis, il y a cette espèce d'insaisissable bonheur, celui qui consiste à avoir réussi à imposer des singles de plus de 3 minutes... que dis-je? Des singles de plus de 6 minutes. A part Stairway to Heaven ou Hey Jude, rarement a-t-on entendu des chansons au format pop qu'on ne pourrait couper pour faire entrer dans un format radio. Le seul format acceptable est celui choisi par l'artiste, parce que chaque seconde est instant de bonheur. Ca commence dès le début de l'album avec Love's In Need Of Love Today, qui foutrait la chair de poule à Kim-Jong-Il, et ça continue avec Ordinary Pain, Black Man, Isn't She Lovely (et dire qu'une petite fille a eu la chance qu'on lui écrive cette si belle chanson), Joy Inside My Tears (exactement ce que fait cette chanson) ou encore Another Star. Mais le clou de l'album reste à jamais As, sans doute la chanson d'amour la plus folle jamais écrite, et ce n'est pas peu dire. Une chanson qui tient au début de la ballade soul, pour s'achever dans un gospel jazzifié. A son écoute, on a l'impression que tout devient possible, que la vie ne peut être que belle, que ce sourire béat qu'elle apporte ne s'en ira jamais, bref, on a l'impression qu'on a touché à la perfection et trouvé LA chanson.
C'est peut-être vrai.


On est en 1976, et la Motown, qui a enchanté les années 1960 de chansons pop-soul-rythm'n'blues-gospel, vient de trouver un aboutissement du son qu'elle a toujours cherché. A la croisée des chemins de ce que le label faisait de mieux alors: entre la soul intelligente et/ou sensuelle de Marvin Gaye et la soul rythmée et sunshinepop des Jackson Five (qui quittèrent l'écurie Motown cette année-là), Stevie Wonder a trouvé le ton juste d'une soul pop sans frontière, devant laquelle on n'a pas fini de s'extasier.

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