vendredi 20 juillet 2012

Miossec - Baiser

Pour les fans de Miossec de la première heure, la question fut longuement posée de savoir ce qu'il y avait de mieux Boire ou Baiser (attention, rires gras obligatoires après cette saillie fine et de bon goût). C'était alors oublier que Boire et Baiser sont les thèmes de prédilection du poète Charles Bukowski, à n'en pas douter une grande inspiration pour Miossec.

Critique de l'album

Ce qui frappe chez Miossec dès la première écoute, ce sont ses mots, et particulièrement sur cet album qui s'ouvre sur La Fidélité, qui annonce la couleur: la langue de Miossec sera crue, elle sera âpre, elle sera bukowskienne... Alors que Boire parlait de la vie en générale, Baiser porte principalement sur la vie en couple (ou pas justement) et sur le romantisme. Les histoires d'amour de Christophe Miossec finissent mal en général, les hommes y sont souvent des lâches, parfois des infidèles, mais ils ont toujours le parfum de la vérité qui leur colle à la peau, la somme de leurs défauts les rend attachants. Plus tard, Miossec écrira la très belle chanson Mon Homme Blessé pour Valérie Leulliot, mais dans Baiser, il est déjà question d'hommes blessés (sur Je Plaisante ou sur Le Célibat). Les anti-héros dépeints par le Brestois sont frustrés (sur le Mors aux Dents) mais peuvent aussi être d'une honnêteté désarmante (Juste Après Qu'Il Ait Plu), et on suit les textes avec délectation. Outre ces thèmes, Miossec, en bon chanteur militant aborde aussi la politique (On Etait Tellement De Gauche, géniale chanson) ou la guerre (La Guerre, au très beau texte), avant de repartir sur les beautiful losers (Le Critérium) et s'accorde le droit d'une reprise de Joe Dassin (Salut Les Amoureux) extrêmement réussie, on a l'impression d'en entendre le texte (rude) pour la première fois.
Cette réussite est liée à la très belle interprétation du chanteur. La voix Miossec n'est pas exceptionnelle, même si elle sent bien fort la bière et la cigarette, mais elle sait mettre l'accent où il faut pour qu'elle fasse mal, pour qu'elle touche au cœur. Les textes en ressortent renforcés. On pense bien sûr à Gainsbourg, mais il y a aussi du Bashung dans l'interprétation. Le tout est servi par une musique assez sèche (mais moins rêche que sur Boire) accompagnée (c'est la nouveauté) de plus d'électricité (les guitares électriques sont de sortie) voire de synthés. Les arrangements commencent à être plus réfléchis (brume façon new-wave sur la Guerre, servant parfaitement le thème de la chanson), perdant peut-être le côté direct de Boire, mais soutenant comme il le faut la voix et les textes.

Critique de l'album

Alors Boire ou Baiser, pourquoi choisir? En 1997, Miossec a signé avec Baiser un album intemporel, direct, franc, qu'on n'a pas fini d'écouter, et qui donnera une sacrée envie de suivre le bonhomme (et grand bien nous en fera quand on entend le merveilleux 1964 pour ne citer que lui).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Et vous, vous en pensez quoi?