mercredi 25 juillet 2012

Sly & The Family Stone - Stand!

En 1969, quand Sly and the Family Stone sort Stand! le groupe en est à son 4° album. Déjà responsable du tubesque Dance to the Music et ayant lancé, selon le titre du premier album, A Whole New Thing dans la musique, la bande Stone livre avec Stand! un album à la base du funk, une pierre angulaire sur laquelle nombre d'artistes (Prince pour ne citer que le disciple le plus appliqué de la famille Stone) sont allés puiser et vont encore puiser.

Critique de l'album

Tout commence par une chanson joliment rythmée, un peu old-school, qui s'achève dans un beau moment de funk cuivré. Si James Brown est l'incarnation d'un funk dense et moite, Sly Stone a choisi la voie d'un funk ouvert sur la pop et le rock, mais sans rien perdre en sensualité. Tout au long de l'album, les guitares vont travailler pour former des sonorités inédites, les voix se joignent en chœur ou bien sont triturées au vocoder, la rythmique est autant funk que rock, et il est difficile de dire dans quelle catégorie Sly évolue. A une époque où musiques noires et musiques blanches se regardaient en chien de faïence, la famille Stone mêle musiciens blancs et noirs, et les influences qui vont avec, avec une désinvolture bienvenue et d'une fraicheur encore inégalée à ce jour. Sylvestre et la famille Pierre sont en train d'appliquer au funk ce que Love est en train d'appliquer au folk psychédélique à l'autre bout de la Californie. La musique n'a maintenant plus de frontières, Sly Stone les a fait voler en éclats.
Et c'est d'ailleurs de ça qu'il va s'agir tout au long de l'album: Don't Call Me Nigger, Whitey ou Everyday People sont rapidement devenus des hymnes à la tolérance, l'un sous forme d'un jam soul lascif et l'autre prenant l'apparence d'une ballade à la Motown, un des tubes les plus connus de Sly. Non, ce ne sont plus les différences entre les peuples qui comptent, n'en déplaisent aux Black Panthers ou au KKK, en plein mouvement pour les droits civiques, le groupe s'inscrit dans les pas de Martin Luther King.
L'important, c'est la musique. Cette musique qui nous fait chanter des chansons simples (Sing a Simple Song), mais pleines d'un message de naïveté et de fraicheur, ou qui nous emmène plus haut (I Want To Take You Higher). I Want To Take You Higher, LA chanson phare de ce groupe si important, celle qui justifiait à elle seule d'aller à Woodstock (voyez donc le flim documentaire, ce moment est d'anthologie). Groove impeccable, instrumentations déchainées et variées, voix à l'avenant, on ne peut que se laisser entrainer par ce titre.
Avec ses tenues à la Jimi Hendrix (avant l'heure), Sly Stone se permet des expérimentations sonores comme sur le long jam (plus de 13 minutes) Sex Machine. Rien à voir avec le hit de James Brown, on est ici dans la langueur, le vocoder poussé à son extrême, on ne sait plus si c'est une voix qu'on entend ou une guitare, tant celles-ci sont passées sous boites d'effet, wawa and co, comme si les instruments venaient nous chuchoter à l'oreille. Les respirations sont comme autant de souffles excitants, et les cuivres nous emmènent où ils veulent dans de splendides divagations. Rien d'étonnant à ce que Miles Davis s'en soit inspiré pour son Bitches Brew, et que Herbie Hancock livre une piste Sly sur son Head Hunters. Du jazz, il y en a aussi chez la family Stone.

Critique de l'album

L'album se clôt sur un You Can Make It If You Try, chanson pop-funk simple comme tout mais à faire baver d'envie Prince, plein d'enthousiasme et d'optimisme. La suite de l'aventure sera pourtant plus brumeuse avec There's A Riot Goin' On (un des meilleurs disques des années 70), tourné vers les nuages opiacés et un pessimisme de mise. Stand! en demeure le contrepoint parfait, un album ouvert et joyeux, chef d’œuvre à part entière, la facette rayonnante de mister Sly. Une facette qu'on n'a pas fini de redécouvrir par pur plaisir.

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