mardi 7 août 2012

Curtis Mayfield - Superfly

Les bandes-originales de flim sont souvent de bons prétextes à une bonne collection de chansons ressemblant à une compilation, ou alors une somme de mélodies plus ou moins répétitives. Mais des bandes-sons qui sont une collection de chansons originales, voilà qui est plus rare. A fortiori quand les chansons sont du niveau de Superfly.

Critique de l'album
On est en 1972, et Marvin Gaye a décomplexé la soul il y a un an avec le toujours aussi merveilleux What's Goin' On? Curtis Mayfield, déjà assez éblouissant sur ses précédents essais profite du champ qui lui est offert dans le cadre d'un flim (mais qui l'a vu aujourd'hui?) pour donner sa réponse. Superfly est donc dans la nouvelle mouvance de la soul, celle qui en plus d'être sensuelle s'avère être intelligente. Il est question ici des problèmes des ghettos et de la drogue, mais le tout est susurré par la voix suave et féline de Curtis Mayfield.
La musique qui l'accompagne est bien de la soul, mais avec une grosse tendance funk, comme si Mayfield avait décidé de définir le concept de soul groovy: les instruments à cordes enrobent l'ensemble comme dans tout bel album de soul, et si les cuivres sont très présents, ils sont plus rythmés, par ailleurs, les guitares wah-wah complètent le paysage musical créé pour l'occasion. Et les percussions... quel bonheur que ces percussions! De véritables perles de groove tant dans le rythme que dans leurs sonorités, quasi-africaines par instant. Rien de synthétique en tout cas dans cet album. Chaque instrument est perceptible et quasiment tactile. Les lignes de basse accompagnent à la perfection chaque titre, ou plutôt chaque perle devrait-on dire.
Car qu'y a-t-il à jeter sur cet album? Soyons francs, rien! Qu'il s'agisse de pures chansons soul (Give Me Your Love, qui a dû faire pâlir d'envie Marvin Gaye par sa sensuelle beauté) ou de musiques plus rythmées (Superfly, parfait), tout semble réussir à Curtis Mayfield qui apparait dans un véritable état de grâce. Mais ne pas citer les pistes instrumentales (Junkie Chase rivalise avec le meilleur de Isaac Hayes) ne serait pas rendre justice à l’œuvre. Et plus belles encore sont les trois premières pistes de l'album, synthèse de cette soul groovy sur Little Child Runnin' Wild, sonorités des percussions et lignes de basse parfaites sur Pusherman et mélodie superbe et production parfaite sur Freddie's Dead. Ce triptyque constitue, à ma connaissance, les 15 minutes les plus parfaites jamais écrites par Curtis Mayfield, et sont en bonne place pour rivaliser avec le medley d'ouverture de What's Goin' On? au panthéon de ce que la musique black des années 70 a fait de plus beau.

Critique de l'album

Ce qui est fort, c'est que malgré cette perfection à l'ouverture, le reste de l'album ne parait pas fade, mais est parfaitement à l'avenant. Entendre les premières notes de Little Child Runnin' Wild, c'est se lancer dans l'album dans son intégralité, car il est dur de l'interrompre, tant l'ensemble est cohérent et s'apprécie sur la durée d'un album. Une perle de soul sensuel et groovy, à réécouter en boucle.

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