samedi 16 mars 2013

Alice In Chains - MTV Unplugged

Nous sommes en 1996, et personne ne s'est remis du tsunami Nirvana. En trois albums studio et un unplugged, le groupe de Seattle a changé la face de la musique des années 90. Depuis deux ans, la mort de Cobain a laissé un gros vide. Dans l'ombre de ce géant, Alice in chains, groupe aussi issus de Seattle, creuse gentiment son sillon, avec 3 albums de rock puissants, qualifiés de grunge, peut-être plutôt métal. Le chanteur Lane Staley est un écorché vif, une sorte de Kurt Cobain en puissance. Et voilà que MTV les convoque pour une session unplugged. L'histoire s'écrit là...

Critique de l'album

Car le groupe, en débranchant les guitares, sort de l'ombre de Nirvana, et livre une prestation qui met en avant tous ses talents. Alice In Chains est un groupe aux chansons sombres et sublimement travaillées. Ce que l'électricité des albums pouvait parfois couvrir, l'unplugged le livre avec une puissance insoupçonnée. Il suffit d'écouter une fois Down in a hole, sans doute l'un des meilleurs morceaux du live, pour s'en rendre compte. Les arpèges sont superbes et créent tout de suite une atmosphère délétère, les voix s'emmêlent à merveille. On plonge avec le groupe dans cette chanson comme on ferait d'une chanson purement folk. Car il y a de ça dans la musique d'Alice in chains. Du folk. Etrange? Pas vraiment. Avant de verser dans le rock, le groupe a écrit et travaillé chaque chanson. Des refrains, des ponts, des mélodies, c'était, avant la puissance, ce qui rendait le groupe intéressant sur ses albums. Avant d'apprendre à libérer une force sonique, le groupe a clairement appris à écrire une chanson. Et c'est pour ça que ses titres se plient à merveille à l'exercice, pourtant pas évident, de l'unplugged.
Pour autant, hors de question de perdre en puissance. Il suffit de prendre Angry Chair pour ressentir toute la hargne que le groupe conserve. Il semblerait même qu'en étant rentrée, la colère est plus touchante, plus vraie. Peut-être est-ce dû au chant de cet espèce de vieil autodestructeur de Lane Staley, peut-être aussi à à la puissance des guitares rythmiques ou à une ligne de basse toujours aussi présente. La batterie a su se faire plus discrète, mais est parfaitement juste et accentue quand il faut les accélérations ou rend plus présents les vides, comme la seconde guitare. Difficile de dire vraiment à quoi tout cela tient. Peut-être est-ce surtout l'alchimie qui lie le groupe. C'est ce qu'on se dit en entendant Heaven Beside You, morceau qui commence par une ombre, puis s'ouvre pour devenir étonnamment lumineux, un moment de respiration au milieu d'un océan vénéneux.
Frogs est définitivement représentatif de ce venin, de ce mal-être omni-présent. Lentement mais sûrement, avec une sorte de fascination malsaine, le groupe fait sa catharsis. Pour finir, il nous livre Over Now, titre prémonitoire puisque c'est la dernière fois que la formation d'origine jouera ensemble, avant l'inédit Killer Is Me, superbe morceau composé spécialement pour l'occasion. L'envie d'appuyer sur repeat est alors incroyablement forte. Réécouter chaque titre, se laisser plonger dans cette ambiance si spéciale, si unique.

Critique de l'album

Ce qui est étonnant quand on réécoute les versions albums de ces chansons après s'être bien imprégné de cet unplugged, c'est qu'on a l'impression d'entendre des reprises parfois manquant de finesse de superbes joyaux. Comme si ces versions acoustiques étaient ce qui pouvait arriver de mieux à ces chansons. Ces versions dépouillées semblent avoir toujours été écrites de la sorte. A écouter en boucle en laissant le venin s'instiller.